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Qui doit payer les vêtements de travail ?

qui doit payer vêtement proQue l’on parle d’un uniforme complet, d’une blouse de travail ou d’une simple paire de chaussures de sécurité, un salarié peut légitiment s’interroger sur le remboursement ou l’entretient des vêtements de travail. Comment les choses s’organisent-elles entre l’employeur et le salarié en termes de fourniture, d’entretien, de renouvellement et de propriété. Quelques explications pour y voir clair et comprendre qui est en charge de quoi !

Vêtements professionnels : définition

En France, la loi définit comme vêtement professionnel tout effet d’habillement exigé par l’employeur. Si l’article L-1121-1 du Code du travail protège la liberté du salarié à se vêtir comme il l’entend, l’employeur reste fondé à imposer le port de vêtements particuliers voire d’un uniforme très complet pour des raisons commerciales, d’hygiène ou de sécurité. Cette contrainte vestimentaire doit toutefois être justifiée par la nature de la mission de l’employé concerné et proportionnée à l’objectif poursuivi. Concrètement, un salarié ne peut donc refuser de porter des effets vestimentaires de protection ou même à vocation marketing sans s’exposer à des sanctions voire un licenciement dés lors que l’employeur peut en démontrer l’utilité. On remarquera que la loi oblige elle l’employeur à imposer le port des équipements de protection individuelle (EPI) comme les chaussures de sécurité, des gants ou tout autres effets de protection spécifique pour certaines tâches classées à risque. Ces Equipements de Protection individuelle sont par ailleurs parfaitement définis par la loi :  l’article R. 233-83-3 du Code du travail les décris comme visant à protéger le salarié conte les risques susceptibles de menacer sa santé et sa sécurité dans l’exercice de ses fonctions. Il n’en demeure pas moins qu’un costume de steward, qu’une chemise de vendeur ou une blouse de travail n’en demeure pas moins des effets vestimentaires à considérer comme professionnel.

Quels secteurs sont concernés ?

vêtement restaurationLes nécessités de l’emploi obligent dans le public comme dans le privé au port de vêtements professionnels dans de très nombreux secteurs et postes de travail. Qu’il s’agisse d’imposer une autorité, de se faire reconnaître aisément du public, de porter les couleurs de l’enseigne, de préserver l’hygiène d’un lieu ou de préparations alimentaires ou de se protéger, une tenue spécifique s’impose quotidiennement à des fonctionnaires comme des salariés. Ces obligations vestimentaires sont particulièrement courante dans l’hôtellerie, la restauration, la vente, le transport, le médical, le bâtiment, l’industrie et les services ! De l’uniforme des personnels navigants commerciaux des compagnies aérienne à la chemisette des employer du fast-food du coin de la rue en passant par la blouse de l’électricien, des millions de salariés portent un vêtement de travail spécifique à leur entreprise ou leur fonction.

Qui paie les vêtements de travail ?

Il revient à l’employeur de fournir à ses seuls frais les vêtements qu’il impose. L’article R4321-1 du Code du travail oblige en effet tout employeur à fournir à ses travailleurs tous les équipements nécessaires à leur tâche, en vue de son bon accomplissement ou de la préservation de leur santé et de leur sécurité. La loi considère que tout vêtement imposé rentre dans la catégorie des « équipements nécessaires » évoqués par le Code du travail. On notera que ce principe s’applique tout autant aux salariés de l’entreprise qu’aux intérimaires envoyés par des sociétés d’intérim. Dans ce cas, l’entreprise doit aussi fournir gratuitement les travailleurs concernés et le coût des vêtements de travail ou des EPI ne peut être imputé à la société d’intérim. Tout paiement demandé au salarié pour ses vêtements de travail imposés par l’entreprise sous quel que forme que se soit est donc illicite.

Qui paie pour le renouvellement et l’entretient ?

argent Très formellement, le Code du travail précise dans son article R 4321-4 que l’employeur à la responsabilité du maintien en état de bon fonctionnement et d’hygiène satisfaisant des équipements de protection individuelle comme des vêtements de travail. Il lui appartient donc d’assumer les frais de nettoyage, de réparation et de les renouveler lorsque cela est nécessaire. Cette obligation d’entretient de l’employeur s’applique même pour des effets très simples tels qu’une chemise de vendeur imposé pour des raisons marketing. Un employeur ne peut se soustraire à son devoir d’entretien en prétextant que le nettoyage de ce vêtement de travail n’engendre pas de surcoût pour son salarié par rapport à celui qu’il aurait eu en portant une chemise personnelle. La cour de cassation en s’appuyant sur le Code civil et le Code du travail, a rappelé l’employeur à son obligation d’entretien. On retiendra donc au final que directement ou indirectement, l’employeur doit assumer les frais d’entretien de tout vêtement qu’il impose à ses salariés qu’elle qu’en soit le type ou les motivations.

Fourniture : comment cela se passe-t-il ?

Dans la plupart des entreprises imposant une tenue spécifique, le nouveau salarié reçoit en même temps que son contrat de travail un petit questionnaire de mensuration à retourner. En y précisant sa pointure, il se verra par exemple remettre des chaussures de travail adaptée à sa morphologie. Lorsqu’il s’agit d’une tenue plus complète, costume pour les hommes et tailleurs pour les dames par exemple, certaines entreprises possèdent leur propre salon d’habillement ou font appel à un sous-traitant spécialisé. L’embauché comme le salarié plus ancien devront trouver auprès de ce sous-traitant tous les effets requis pas leurs fonctions au sein de l’entreprise à des fins d’équipement initial comme de renouvellement bien entendu.

L’entretien des vêtements de travail : plusieurs solutions !

Si l’employeur a le devoir légal d’assumer les frais inhérents à l’entretien des vêtements qu’il impose, les modalités de cette prise en charge sont assez libres et diverses. Dans les faits plusieurs solutions sont mise en œuvre dans les entreprise :

  • le versement d’une prime spécifique : le salarié voit sur sa feuille se salaire une ligne supplémentaire compensant forfaitairement ses dépenses d’entretient.
  • le paiement sur facture : l’employeur assure le remboursement des frais de vêtements de travail sur présentation des ses factures de laverie et de pressing.
  • la sous-traitance : le salarié dépose ces effets sales au comptoir prévu à cet effet dans son entreprise et en récupère des propres. Une société spécialisée sous-traitante sa charge du nettoyage.
  • la mise à disposition de machines à laver : les salariés procèdent eux-mêmes dans l’entreprise dans leur temps de travail à l’entretien des vêtements de travail qu’ils utilisent.

Bon à savoir : arrêté n° 16-25563 du 14 février 2018 de la Cour de cassations

Dans une affaire récente, la court de cassation a considéré que dés lors qu’un employeur impose une tenue de travail, celui-ci doit en assurer les frais d’entretien même si aucune clause spécifique ne le prévoit au contrat de travail.

Propriété des vêtements de travail

bleu de travail Pour que les obligations du chef d’entreprise puissent s’appliquer, il faut que les vêtements et équipements de protection concernés demeurent la propriété de l’entreprise. Ils ne peuvent être portés en dehors de l’activité liée à l’emploi et devront être sauf accord explicite de l’employeur restitué à la fin du contrat de travail. Le respect de ces dispositions en termes de propriété permettent de qualifier sans ambiguïté les frais de fournitures et d’entretient comme frais d’entreprise. On notera en tant que propriétaire des vêtements concernés, un employeur peut retenir sur le solde de tout compte du salarié quittant, le prix d’une paire de chaussures de travail non restituée ! Mieux vaut donc penser à restituer tous les effets fournis initialement à l’embauche.

 

Que faire en cas de litige ?

En cas de difficulté de remboursement des frais de vêtements de travail, le salarié doit d’abord essayer de régler cela avec son chef d’entreprise. Le problème peut être abordé par un représentant syndical en comité d’entreprise voire être porté devant la justice. Vous le constatez le port de vêtements professionnels est parfaitement défini par la législation. Une obligation qui peut être aussi considérée comme un avantage dans le sens où les frais induits sont très clairement à la charge de l’employeur.

Une raison supplémentaire pour enfiler sa chemise de travail avec bonne humeur chaque matin !

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